Nacht und Nebel
L’artiste chilien Iván Navarro expose pour la première fois à Bruxelles. Il présente Nacht und Nebel, une installation de sculptures lumineuses en trompe-l’oeil qui explore la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale.
Présentée pour la première fois à la Fondazione Volume! à Rome en 2012, sous le commissariat de Antonio Arevalo, l’installation évoque l’atmosphère de l’occupation nazie et les bombardements de 1943-1944 en Italie. Elle se compose d’une demi-dizaine de puits géométriques – cercle, triangle, rectangle – faits de briques et de ciment. Chaque sculpture épelle un mot en néon, projeté à l’infini par un jeu de miroir : ODIO, OCCHIO, EX, BECCO, ECCIDIO… Plongée dans le noir, la galerie semble ainsi s’ouvrir sur des passages lumineux infinis, métaphores de l’évasion mais aussi de la disparition. Pour l’artiste, il s’agit d’activer un rapport différent à l’histoire et d’explorer les ambiguïtés de la mémoire. Chaque mot de lumière possède à la fois une consistance réelle et une densité illusoire. Le langage devient une apparition lumineuse de la conscience, qui renvoie aux double sens, aux douloureux décalages entre apparence et vérité. Dans la Project Room, Ivan Navarro propose deux nouvelles pièces totalement inédites jouant sur l’ambivalence, qu’elle soit formelle ou linguistique. Deux puits épurés plongent le visiteur dans les mots Above all et All of the Above, expressions normalement figées dans leur propre signification mais qui prennent un nouveau sens dans le contexte de l’oeuvre.
Mises en relation avec un travail plus ancien, Defect – un mot ambigu de par son double sens en tant que nom ou verbe – elles proposent un ensemble qui parvient subtilement à transformer la structure en un acte de communication. Né en 1972 au Chili, Iván Navarro, aujourd’hui installé à New York, utilise la lumière comme son matériau de prédilection. Détournant des objets usuels en sculptures électriques ou transformant l’espace par des jeux d’optique, Il s’approprie le langage du modernisme pour développer une subtile critique sociale et politique. Ayant grandi sous la dictature de Pinochet, Iván Navarro reste hanté par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement physique ou psychologique. Ici, le titre de l’exposition fait référence au décret édicté par Adolphe Hitler en 1941 qui actait la disparition prévue dans « la nuit et le brouillard » – une sentence de mort – des opposants au Troisième Reich. L’acronyme du décret : NN, est le même que celui utilisé en Amérique Latine pour appeler les disparus, ces « No Name » que les oeuvres Iván Navarro convoquent souvent.
Né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il vit et travaille à New York depuis 1997. L’artiste utilise la lumière comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique. Au-delà de son aspect ludique, son œuvre est hantée par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement. Toujours présent en filigrane, le détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale.