The Mitt Paintings 1988 – 1993
Après les peintures des années 70 et celles des années 80 présentées respectivement en 2015 et 2019, la Galerie Templon poursuit son exploration de l’œuvre de Jules Olitski (1922-2007), grand maître du Color Field américain. Cette nouvelle exposition, déployée en deux volets entre Paris et New York à la galerie Yares, se concentre sur les œuvres des années 90.
« Sa femme, Kristina, avait laissé dans le studio ce gant qui est habituellement utilisé par les peintres industriels pour peindre les fenêtres. Il l’a donc saisi et commencé à travailler avec. Ce gant lui permettait de manipuler facilement la peinture comme il le souhaitait et créer une texture extraordinaire »
Lauren Olitski
La série des MITT paintings peu exposée de son vivant témoigne de la passion toujours renouvellée de Jules Olitiski pour l’expérimentation autour de la couleur et de la lumière. A la fin des années 80, avec la complicité de l’entreprise « Golden Artists Colors Inc. », pionnier des peintures acryliques, Jules Olitski est un des premiers à s’emparer des possibilités plastiques inédites de leur nouvelle gamme. Après avoir jeté et vaporisé abondamment la matière et la couleur brute sur la toile, Olitski l’étale à la moufle (« mittens » en anglais) dans une chorégraphie faussement improvisée de mouvements ondulatoires et généreux. Ces oeuvres font éclater les codes de la « simple » peinture, flirtant désormais avec ceux de la sculpture. Les toiles dévoilent un subtil jeu de reliefs sur lesquelles l’acrylique autant que la lumière sont sensuellement sculptées. Entre ses mains, la matière se révèle tour à tour lumineuse ou assombrie, mate ou luisante, élastique ou adhérente.
Pionnier d’une pratique expérimentale dites « moderniste », entamée dès les années 1960 qui consistait à « faire l’expérience de la peinture comme peinture » (Michael Fried), Olitski a ensuite évolué vers une ligne affranchie du goût moderniste, oscillant entre matérialité et immatérialité de la couleur. Avec les Mitt Paintings, il ne s’agit plus seulement de questionner l’essence-même de la peinture mais aussi la nature ambiguë de sa surface, la notion de hasard, comme du lien mystérieux entre main et tableau. Cette série marque ainsi l’aboutissement de décennies d’exploration picturale et de réflexion sur la puissance de l’abstraction.
L’exposition est accompagnée d’un catalogue, publié en édition bilingue (anglais/français), avec un essai de Jim Walsh et une chronologie illustrée d’Alex Grimley.
Né en 1922 en Russie soviétique, Jules Olitski émigre aux États-Unis très jeune. L’artiste est une des figures majeures du Color Field Painting. Après avoir mis au point le processus de pulvérisation du pigment sur la toile à l’aide d’un pistolet, il développe dans les années 1970 de nouvelles techniques, la couleur est étalée au chiffon, au racloir, appliquée au rouleau, structurant la surface et jouant avec la profondeur. L’artiste est décédé en 2007.