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« C’est en 1973 que j’ai réalisé des peintures à bandes. Elles ont été exposées en 1974 chez Daniel Templon à Paris et suscitèrent une polémique. L’affaire fut largement envenimée par la distribution anonyme d’un faux carton d’invitation qui titrait l’exposition Hommage à Daniel Buren, puis par l’envoi – de la part de la galerie à destination de son fichier – de la copie d’une lettre de Buren, qui, elle aussi, s’est avérée être un faux!
Si les peintures semblaient s’approprier l’outil visuel de Buren, il s’agissait en fait pour moi d’interroger la question de la signature liée à l’emploi de cet outil et de poser la question du rapport entre forme et fond. A cette date en effet, il me semblait que la réception du travail de BMPT s’était modifiée en raison de l’identification immédiate des peintures à leurs auteurs. Par ce nouveau travail, je voulais revenir sur les réflexions développées lors de l’exposition à la galerie J. et relancer un débat sur la peinture.
Cette manifestation présentait des toiles à bandes verticales alternées grises et blanches de 10cm de « largeur, la première et la dernière étant blanches. Les tableaux de 200 x 210 cm étaient d’abord peints en blanc, puis les bandes grises étaient ajoutées. »
Cette exposition, au-delà de la polémique, ne t’a-t-elle pas permis de relancer une pratique picturale à partir et hors de BMPT?
En effet, il s’agissait de sortir de la répétition du motif qui m’était associé. Pour aller dans la répétition de quelque chose que je m’appropriais! En 1976, une deuxième série de ces tableaux à bandes a en effet été présentée chez Daniel Templon. Les toiles étaient alors peintes en blanc, puis en blanc cassé (ou inversement). Je voulais ainsi simultanément réintroduire la cou- leur et sortir de la répétition, car le blanc était à chaque fois « cassé » par des couleurs différentes. J’ai achevé cette série avec une toile en blanc sur blanc (qui fut vendue en atelier). J’en ai réalisé une similaire, mais qui, dans mon esprit, était son parfait contraire, en novembre 1976 pour la galerie Ecart de Genève. »
Propos recueillis par Lionel Bovier et Christophe Cherix, Extrait de Olivier Mosset, travaux, works 1966-2003