Trigger
Vingt ans après sa toute première exposition à Paris, le peintre new yorkais Will Cotton, célèbre pour ses toiles de bonbons et de pâtisseries, réinvestit les cimaises de TEMPLON avec une exposition subtile et décalée : « Trigger » (Détonateur).
Will Cotton poursuit sa réflexion sur la pop-culture et les mythes américains. Sa série de 2020 « le Cowboy apprivoisé », autour de l’hypersexualisation de l’enfance et les représentations de genre, mettait déjà en scène des cowboys ultra virils aux prises avec des licornes roses. Cette fois, Will Cotton introduit la « cowgirl », figure féministe archétypale, aussi pulpeuse que provocante. Avec humour, elle prend le contrepied des personnages féminins habituels de l’artiste, brouillant toujours un peu plus la frontière des genres, le rapport entre les sexes, mais aussi la notion de queer et les luttes LGBT.
Le titre de l’exposition s’inspire de la notion, devenue un véritable concept politique outre-atlantique, de « trigger » (gachette, détonateur, déclencheur). Il se réfère aux espaces de sécurité mis en place par la gauche libérale sur les campus américains depuis quelques années.
Les « Trigger Warnings » ont pour pour objectif de « prévenir » les situations potentiellement porteuses de troubles de stress post-traumatique. Mais dans une Amérique déchirée par la polémique sur le port des armes, comment ne peut-il pas être dissocié de la « détente » de l’arme à feu, défendue bec-et-ongles par la droite conservatrice, s’interroge l’artiste.
Will Cotton invente ainsi un monde à l’image de nos sociétés schizophrènes. Ses paysages grandioses, cascades de friandises ou de barbapapa, accueillent des scènes ambigues, ludiques mais potentiellement perturbantes voire explosives. Commentaire sur l’opulence d’une Amérique idéalisée, la peinture de Cotton, est aussi un moyen de questionner la puissance de la peinture elle-même. La fluidité entre grande peinture, mythes intemporels, imagerie publicitaire ou icônes pop agit comme métaphore des contradictions de notre époque.
Né en 1965 aux États-Unis, Will Cotton vit et travaille à New York. L’artiste appartient à cette génération de peintres américains qui renouvellent le langage de la peinture figurative. Il construit dans son atelier des assemblages géants de confiseries (maisons de pain d’épice, bonbons, montagnes de gâteaux, mers de chocolat) donnant la possibilité de créer une nouvelle réalité. Will Cotton conçoit ses toiles comme des utopies, explorant les notions de tentation et d’excès.