Pionnier des installations combinant plâtre et objets du quotidien, ce natif du Bronx a d’abord débuté une carrière de peintre abstrait. Quand il découvre l’usage de bandes de plâtre prédécoupées au début des années 60, il délaisse la peinture et s’oriente, en plein mouvement pop, vers des tableaux tridimensionnels avec des moulages de plâtre réalisés directement sur modèles vivants. Ce langage plastique unique deviendra sa signature et lui ouvre rapidement une infinité de possibilités formelles. A la fois spontanées et figées, ses compositions dévoilent une force poétique inattendue mais aussi une radicalité à fois sociale et politique.

L’exposition propose un parcours sur 25 ans, avec des oeuvres de 1972 à 1999. D’abord de style réaliste, le travail de George Segal évolue dès les années 70 vers une expression plus libre. Les travaux des années 80, en couleur, s’engagent dans un dialogue avec l’histoire de l’art, avec des références subtiles à Bonnard, Cézanne ou Degas, avant d’aboutir dans les années 1990 vers un style plus expressionniste. Fusion entre sculpture et peinture, les oeuvres tardives donnent à voir un nouvel éventail d’expression par la couleur et la lumière. Les « Fragments Nocturnes » de Segal, assemblages d’activités ordinaires dans des décors réalistes, sont plus que de simples observations du quotidien, mais suscitent une réflexion sur la condition humaine. Mystérieux voire inquiétants, ses « tableaux vivants » sont souvent le point de départ d’une réflexion existentialiste sur l’individu et la société de consommation. Capturant des moments isolés d’ennui, des fragments intimes du corps et des intimités secrètes, les fragments de Segal en suggèrent une vision dans leur totalité.