Quelques pas de côté
Pour cette exposition, installée avec soin par l’artiste lui-même, Claude Viallat a choisi de dévoiler quelques unes de ses dernières expérimentations.
Dans certaines oeuvres, la forme au lieu d’être répétée de façon sérielle, est diluée à l’excès formant de large tâches de couleurs fondues ; parfois tracée en dripping, elle évoque au contraire une écriture calligraphiée.
Le fait de poser la toile au sol et de prendre une couleur, on ne sait pas comment la toile va réagir à la couleur. »
Avec « Quelques pas de côté », le peintre français Claude Viallat, 87 ans, dévoile chez Templon Bruxelles une vingtaine de nouvelles toiles réalisées entre 2022 et 2023.
Figure de proue et membre fondateur du groupe avant-gardiste Supports/Surfaces dans les années 70, Claude Viallat poursuit depuis 50 ans l’exploration des limites de la peinture abstraite, en déclinant sa « forme » – un motif à l’allure d’osselet – sur une large variété de tissus ou bâches, accrochés de façon libre à travers l’espace.
L’utilisation de tissus bigarrés lui offre la possibilité d’introduire de nouvelles couleurs : une toile d’un profond rubis côtoie une oeuvre d’un parme doux ou d’un gris platine. Chez Viallat, la palette s’impose toujours d’elle-même : « Je suis un instrument » explique-t-il. « L’oeuvre a sa vie propre. Je ne me préoccupe pas du résultat ».
Comme toujours chez l’artiste, la mise en scène de l’exposition constitue presque une oeuvre en elle-même. Avec délectation, l’artiste juxtapose les toiles, jouant des textures et des imprimés inattendus. C’est par ce jeu de contraste, toujours inédit, qu’il dévoile un dialogue audacieux, intuitif entre volume et surface, entre accumulation et béance.
Claude Viallat est né en 1936 à Nîmes, où il vit et travaille aujourd’hui. Il est l’un des fondateurs de « Supports/Surfaces » dans les années 1970, mouvement qui appelle à un renouvellement de l’art par la remise en question des matériaux traditionnels. Viallat commence ainsi à travailler sur des bâches industrielles, sur lesquelles il répète à l’infini une même forme abstraite, sorte d’osselet devenu sa signature. Répété au pochoir sur divers supports, ce motif ouvre une réflexion sur le sens du geste créatif et le statut « d’œuvre d’art ».