Mesoamerica, cités perdues et derniers refuges
Après Claude Viallat, c’est à l’autre membre fondateur du mouvement avant-gardiste Supports/Surfaces que la galerie Templon consacre son exposition de printemps. Daniel Dezeuze, 82 ans, présente ses derniers travaux – sculptures, peintures, dessins, installation – dans l’espace du 28 rue Grenier-Saint-Lazare.
Daniel Dezeuze livre avec « Mesoamerica » une réflexion personnelle inspirée de ses voyages au Mexique et de l’architecture Maya. Au milieu des années soixante, le jeune Dezeuze fait un premier séjour d’une année au Mexique qui l’influencera profondément.
Ses derniers « tableaux », assemblages muraux réalisés à partir de chutes de bois peint reviennent sur cette expérience fondatrice de la jungle et des civilisations disparues. Le rez-de-chaussée de l’exposition déploie autour d’une « table de négociation », une installation « d’armes », de « canons de table » et autres « boucliers », évocateurs des tensions entre nature et culture, peuples « indigènes » et colonisateurs. La simplicité des matériaux choisis – bois, grillages, bouchons – comme la délicatesse de leur combinaison, offrent une réflexion troublante sur les frontières entre art et artisanat, le sauvage et le policé, mais aussi sur la fragilité des civilisations et de la modernité.
Au sous-sol de la galerie, en contre-point, Daniel Dezeuze a rassemblé une collection de dessins, une jungle de fleurs, d’insectes, moustiques et escargots.
A la limite de l’abstraction, cet ensemble dessine une nature délicate mais indomptable, témoin de l’obsession de l’artiste à « saisir l’insaisissable ».
Depuis presque cinquante ans, Daniel Dezeuze, poursuit ses recherches sur la déconstruction du tableau, explorant les supports et matériaux traditionnels de la peinture, en quête d’une réflexion sur l’histoire et la fonction de la pratique de la peinture. Très tôt il fait fi de la toile, retournant les châssis contre le mur, jouant du vide et de la tridimensionnalité pour dépasser les limites de la tradition picturale. Curieux des cultures nomades et extra-européennes, il imprègne son travail de pratiques artisanales et d’anthropologie. Son itinéraire singulier passe par l’expérimentation de matériaux considérés comme pauvres – bois, gaze, filets, tissus – et d’objets détournés. Son œuvre a largement influencé les nouvelles générations de peintres européens et fait aujourd’hui partie des collections publiques telles que le Centre Pompidou, le Musée d’art moderne de la ville de Paris, le Musée Fabre de Montpellier, le Carré d’art de Nîmes ou encore le MAC, Musée d’Art Contemporain de Marseille.
Né en 1942 à Alès, en France, Daniel Dezeuze est un des membres fondateurs du mouvement Support/Surface dans les années 1970. Son travail s’articule autour de la remise en question de la peinture, de la cimaise et de l’espace. S’appropriant une grande variété de techniques, l’artiste s’est inscrit dans une relecture de l’art américain, abstrait ou minimaliste, tout en expérimentant sans cesse des matériaux considérés comme pauvres tels des filets, grillages, bois, tissus ou métaux.