Accumulations
Alors que le Centre Pompidou consacre une première grande rétrospective au sculpteur Arman (1928 – 2005), la Galerie Daniel Templon, qui a travaillé avec l’artiste de son vivant – exposition Poubelles organiques en 1974, Racine carrée de fragments en 2000 – propose une exposition d’ Accumulations des vingt dernières années.
Présenté comme un des chefs de file du Nouveau Réalisme, Arman, au-delà de ce moment historique des années soixante, a mis en place un langage qui a profondément influencé l’art contemporain. Comme l’écrit Daniel Abadie, Arman est « un des créateurs de la modernité ». Il a élaboré un rapport à l’objet qui « modifiait définitivement la définition classique de l’œuvre d’art ». Questionnant la société de consommation, la perte d’identité de l’objet, le principe sériel de son œuvre a influencé plusieurs générations d’artistes. Des pharmacies de Damien Hirst aux sculptures d’ustensiles de l’Indien Subodh Gupta, nombreuses sont les sculptures d’aujourd’hui qui ont intégré les principes préfigurés dans sa série des Accumulations.
Les œuvres présentées à la Galerie Templon proposent de brillantes variations autour du procédé des Accumulations qu’il avait exploré dès 1960. Formalisées, épurées, ces œuvres réalisées entre 1982 et 1993 témoignent du regain spectaculaire de sa créativité dans les années 80. Utilisant des pièces neuves – cafetières, baskets, réveils – qu’il présente désormais dans des caissons d’acier, l’artiste a transformé sa stratégie de présentation. Cette mise en ordre rigoureuse d’objets communs et identiques participe de « la poétique de l’énumération et du catalogue » chère à Umberto Eco.
En introduisant de très subtiles différences d’inclinaison ou de rotation entre les objets, Arman offre à chacun la possibilité de se distinguer de ses semblables ; il réenchante le monde en affirmant qu’il est « toujours et étonnamment différent ». Les titres évocateurs – Victoire sans limite ,Crowded Finale – nous donnent à imaginer des histoires pour chaque œuvre, qui peut se lire à la fois comme une composition abstraite, une référence à l’Histoire de l’art ou une anecdote personnelle.
Artiste franco-américain, Arman est né à Nice en 1928 et décédé à New York en 2005. Figure incontournable et membre fondateur des Nouveaux Réalistes, il utilise l’objet comme fondement d’une nouvelle esthétique. Peintre et sculpteur, connu pour ses « accumulations », il emploie directement des objets manufacturés. Questionnant la société de consommation et la perte d’identité de l’objet, son travail s’articule autour de deux axes : le besoin de conserver et celui de détruire.