Après-coup
Célèbre pour ses toiles tressées, l’artiste François Rouan expose cette fois-ci à la galerie Templon une quarantaine de tableaux photographiques inédits créés depuis 2020.
« Avec le photographique, au moment où l’on déclenche, nous voyons ou entre-voyons une chose. Sur cette couche argentique, c’est autre chose qui est imprimé. »
François Rouan
Pendant près de 40 ans, Rouan s’attache à la déconstruction de la notion de tableau, à travers un procédé nouveau qui deviendra sa marque de fabrique : le tressage pictural. Cependant, dès la fin des années 1980, il se tourne vers la photographique, un procédé qu’il explore et détourne sans relâche depuis 25 ans, en parallèle de son travail de peintre.
L’exposition déploie une série d’œuvres photographiques de petit format. Fruits d’une insatiable expérimentation et exploration d’un medium insaisissable, les clichés retravaillés se déclinent autour d’une palette volontairement dépouillée. Tout en retenue, le noir et blanc se marie de temps à autre avec des nuances corail ou saumon. Cette apparente simplicité chromatique laisse ainsi la part belle à quelques-uns des questionnements métaphysiques et obsessionnels de l’artiste : l’image du corps et le mystère de l’origine du monde. « Je suis intéressée par l’idée de construire un cadre qui parle du corps féminin » explique François Rouan.
C’est un processus complexe et érudit qui dicte l’élaboration de ces photographies : la mise en scène est guidée par ses modèles, l’artiste joue ensuite de la technique des multiples expositions ou du tressage photographique qu’il recouvre ensuite de hachures, de pointillés, d’entrelacs ou encore de minuscules virgules. Dynamiques, ces images oscillent entre abstraction et figuration. D’une singulière acuité, les œuvres de Rouan résonnent avec quelques-unes des préoccupations actuelles – le rapport à l’image, l’envers de la surface, le rôle de l’art dans la recomposition d’un monde réel et mental fragmenté.
A l’occasion de son exposition un catalogue sera publié en mai 2024 avec un texte par Agnès Fabre.
Né en 1943 à Montpellier, François Rouan vit et travaille à Laversine (France). Associé dès les débuts de sa carrière dans les années 1960, au mouvement Supports/Surfaces sans pour autant y être officiellement affilié, François Rouan a mené une trajectoire singulière, déconstruisant la structure traditionnelle du tableau pour ouvrir de nouvelles pistes dans le champs de la peinture contemporaine. Suite à ses recherches sur les collages, il aboutit en 1965 à ses premiers tressages et élargit sa pratique à partir de 1980 à d’autres médiums, photographiques et filmiques.