Jeanne Vicerial

Armors

« Telle une armée, ces présences se redressent et exposent leurs cicatrices de fils suturés. Parées de leurs « armors », elles marchent fièrement vers l’avenir et dessinent les contours d’une histoire de la féminité. » – Jeanne Vicerial

Jeanne Vicerial – Armors, TEMPLON Paris, 2023
Jeanne Vicerial – Armors, TEMPLON Paris, 2023

Pour lancer l’année 2023, Templon se pare de la couleur noir ébène et blanche de Jeanne Vicerial. Pour sa toute première exposition en galerie à Paris, l’artiste dévoile une quinzaine de nouvelles sculptures textile aux formats variés.

Première docteure diplômée en design de mode en France en 2019, pensionnaire de la prestigieuse Villa Médicis en 2020, Jeanne Vicerial, 31 ans, est déjà largement reconnue pour sa pratique avant-gardiste.

A travers ses recherches, elle a repoussé les codes de l’industrie textile, questionnant la dichotomie sur-mesure/prêt-à-porter. Sa démarche artistique s’est par la suite focalisée davantage sur la place de la femme et du corps féminin dans la société, en associant régulièrement d’autres créateurs – scénographes, parfumeurs, musiciens – à ses projets.

Pour cette exposition, Jeanne Vicerial a installé dans l’espace une armée silencieuse de silhouettes cristallisées dans le temps. Férue de poésie, elle donne chair à des « Armors », inquiétantes guerrières cuirassées d’ « amour » autant que d’ « armure », en recouvrant entièrement des mannequins de couture de fil noir.

Au cœur de l’exposition, un imposant robot articulé, orchestré par un programme informatique, danse autour d’une sculpture pour la tisser dans une succession de délicats mouvements répétés à l’infini. De ce processus de création semble avoir surgi des « présences » – gisantes posées sur leur tombeau dans un sous-sol devenu crypte plongé dans l’obscurité, mystérieuses figures hybrides tout droit sorties d’une nouvelle mythologie.

Le pèlerinage se poursuit à travers un cabinet de curiosité dédié aux « sex-voto ». Sur le blanc immaculé des cimaises, l’artiste accumule divers objets-offrandes. Comme elle l’explique : « Il est intéressant de noter les parallèles entre l’industrie du textile et le monde sculptural : dans les deux domaines, on appelle « couture » les points de jonction, de liaison des éléments les uns aux autres. » Disloquées ou démembrées, ces vulves en fleur, petits organes vestimentaires ou encore ventres de Vénus semblent chercher un repère. A travers ces curieux objets de culte, Jeanne Vicerial approfondit sa réflexion sur la place du genre et du corps féminin, oscillant depuis des millénaires entre sacralisation et maltraitance.

Catula, Présence

Détails

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L’artiste

Née en 1991, Jeanne Vicerial vit et travaille à Paris. Après des études de costumière puis un Master en Design vêtement à l’École des Arts Décoratifs de Paris en 2015, elle devient en 2019 titulaire d’un doctorat SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche), la première en France. Elle approfondit cette recherche en questionnant la dichotomie prêt-à-porter/sur-mesure et s’engage parallèlement dans une démarche artistique qui la pousse à fonder le studio de recherche et de création Clinique vestimentaire. Au-delà de ses créations personnelles, elle initie de nombreuses collaborations avec des artistes d’horizons divers. Ses oeuvres ont notamment été exposées au Palais de Tokyo à Paris (2018) à Rome (Villa Médicis et Palais Farnèse, 2020), à la Collection Lambert en Avignon (2021), aux Magasins Généraux à Pantin (2021), à la Basilique Saint-Denis (2022) et ont récemment intégré la collection du Cnap (Centre national des arts plastiques) et du FRAC Auvergne. En 2024, elle était invitée à exposer en dialogue avec les toiles de Pierre Soulages au Musée Soulages de Rodez.
Jeanne Vicerial a participé à plusieurs expositions collectives, au Maximiliansforum, Munich (2022), à la Fondation Martell, Cognac (2022), au Ballroom Project, Anvers (2022), à Maison Guerlain, Paris (2022), au Musée International des Arts Modestes à Sète (2023), à la fondation Lafayette Anticipations (2023), au FRAC Auvergne (2023), au Musée Bargoin, Clermont-Ferrand (2023) et à la Triennale de Nîmes (2024).

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