Catharsis
Après son succès au musée Guimet en 2017, Prune Nourry investit pour la première fois l’espace de la galerie Templon rue du Grenier Saint Lazare et présente Catharsis.
L’exposition rassemble un ensemble de nouvelles sculptures en dialogue avec des extraits de Serendipity, son premier long métrage documentaire.
L’exposition Catharsis marque un tournant dans la démarche créatrice de l’artiste. Depuis plus de douze ans, Prune Nourry développe une œuvre pluridisciplinaire, puissante et sensible explorant le corps au filtre de la question du genre et de l’hybridation. Objective comme un chercheur ou un anthropologue, elle tenait son sujet à distance. Récemment soignée pour un cancer du sein, la jeune femme s’est sentie devenir, le temps du traitement de la maladie, sujet de son propre travail et sculpture aux mains des médecins. Avec Catharsis, armée de ses outils de sculpteur, Prune Nourry se réapproprie son corps et sa féminité, tissant un écho intime entre ses recherches passées et son expérience de vie.
Toutes les sculptures de l’exposition s’inscrivent dans la lignée des ex-voto, ces offrandes populaires qui, sous la forme d’un objet, d’un membre ou d’un organe, cristallisent les remerciements ou les espoirs de guérison des hommes et des femmes confrontés à la peur, à l’infertilité et à la maladie. A toutes les époques et dans toutes les cultures, on retrouve cette idée de transfert d’une émotion vers un objet. Pour créer les œuvres de l’exposition Catharsis, Prune Nourry a travaillé avec des archéologues, des sociologues et des artisans et s’est nourrie des différentes formes et matériaux empruntés par ces objets.
L’exposition présente quelques extraits choisis du film Serendipity où l’artiste explore la connexion étrange entre ses œuvres passées et sa maladie. Le film témoigne de son parcours transformant son traitement médical en une véritable épopée artistique.
Dans la dernière séquence du film Serendipity apparaît The Amazon, une sculpture monumentale de 4 mètres de haut, en béton et yeux de verre, inspirée d’un marbre antique du Metropolitan Museum of Art représentant une amazone blessée. Cette œuvre a été créée par Prune Nourry dans un geste cathartique contre la maladie. Empruntant à la tradition des ex-voto, notamment les « Mizuko Kuyo » japonais, l’œuvre est recouverte de milliers de bâtons d’encens. Lors d’une performance publique au cœur de Manhattan, l’encens est parti en fumée, comme un symbole de guérison. Dans l’exposition Catharsis, une sculpture miniature en bronze, simulacre de la sculpture monumentale, est la mémoire de ce geste.
Datées de 2010, les œuvres en verre de laboratoire In Vitro témoignent de la « sérendipité » à l’œuvre dans le travail de Prune Nourry. Ces œuvres ainsi que l’intrigante River Woman produite pour Glasstress 2019 dans le cadre de la Biennale de Venise sont des ex-voto des temps modernes où les espoirs de fertilité prennent la forme de tubes à essais dans les hôpitaux de procréation médicalement assistée.
Née en 1985 à Paris, Prune Nourry vit et travaille à New York. L’artiste s’intéresse aux champs de la science et de l’anthropologie, et plus particulièrement aux questions bioéthiques liées à la sélection des genres et aux évolutions artificielles de l’humain, à travers une pratique qui associe sculpture, installation, performances et vidéo. Ces dernières années, l’artiste s’est faite connaître par ses projets au long cours, comme celui qui a vu son armée de Terracotta Daughters, inspirée des guerriers de terre-cuite de Xi’an, parcourir le monde entre 2013 et 2015, de Paris à la Chine continentale en passant par Zurich, New York et Mexico.