Chez Daniel
Ironiquement intitulée « Chez Daniel », cette dixième exposition de Jean-Michel Alberola à la galerie Daniel Templon, présente le travail réalisé par l’artiste au cours des deux dernières années : quelques toiles, deux murs peints, des « reliquaires » et trois grands dessins.
Echappant à toute école ou mouvement théorique, Jean-Michel Alberola poursuit depuis plus de vingt ans une œuvre protéiforme qui fusionne figuration, abstraction et conceptualisme. Dans les années 80, il s’est imposé comme un des artistes clés de la jeune scène française qui renouvelait la peinture figurative en prônant le retour à une « peinture cultivée ». Construisant son travail autour de mythes ( « Le bain de Diane » ou « Suzanne et les Vieillards ») et de réminiscences esthétiques (l’art africain, l’Egypte …), Jean-Michel Alberola a développé une peinture insaisissable qui s’interroge à la fois sur la fragilité de la beauté, l’ambiguïté du regard et les fins de l’art.
Dans une figuration perturbante car juxtaposée aux codes de l’abstraction, les toiles d’Alberola mêlent encore aujourd’hui citations d’origines diverses et clins d’oeil aux grands maîtres de l’histoire de l’art. Dans deux toiles intitulées « Celui qui se construit (constellation) » et « Celui qui se déconstruit (Pétard chinois) », Jean-Michel Alberola dessine des anatomies de corps, entre effacement et abstraction, qui laissent deviner des personnages ou des géographies. Il semble flirter avec des références à l’art du XXème siècle de Duchamp à Dali. Jouant sur des variations chromatiques d’une harmonie surprenante, ses toiles juxtaposent écriture, détails figuratifs et trame graphique comme pour capturer la dimension fugitive de la beauté.
Chez Jean-Michel Alberola, les expositions deviennent souvent installations. L’exposition de 2002 accueillait le spectateur avec des murs peints annonçant « Commerce » et commentant « J’ai l’impression de parler à un mur ». Cette fois, le visiteur est accueilli avec un néon lumineux « Chez Daniel » créant ainsi d’emblée une distance ironique entre l’artiste et le marchand. Un mur peint annonce « Devenir grain de sable » tandis que l’espace de la galerie exhibe de petites boîtes contenant des tableaux et nommés « reliquaires ». Pour Jean-Michel Alberola qui a longtemps peint des ex-voto et des crucifixions, ce retour à la dimension religieuse de l’art, constitue peut-être une réflexion sur la fin de la peinture ou une invitation – pudique – à s’interroger sur notre capacité à la regarder.
Né en 1953 à Saïda en Algérie, Jean-Michel Alberola vit et travaille à Paris. Depuis trente ans, il produit une œuvre protéiforme entre figuration, abstraction et art conceptuel. Gouaches, néons, sculptures, livres d’artistes ou films sont les différentes facettes d’un travail qui interroge la fragilité de la beauté, l’ambiguïté du regard, le rôle de l’artiste et les fins de l’art. Avec humour et poésie, l’artiste engagé mêle aux réflexions artistiques des questionnements politiques et sociaux.