Écrans/Tableaux : Variations
Le tableau va-t-il survivre à l’extraordinaire multiplication des écrans ? Comment peut-il résister aux pratiques dispersées de l’art contemporain ? – Daniel Dezeuze
Daniel Dezeuze revient cet automne à la Galerie Templon avec un ensemble d’œuvres, au croisement de la peinture et de la sculpture. Empreinte d’un regard plus radical que jamais, Écrans / Tableaux : Variations poursuit une réflexion autour du rôle, de l’histoire et de la pratique de la peinture, et pose les jalons d’un nouveau questionnement marqué par la consécration du numérique et la prolifération des écrans.
La dichotomie écran-tableau fascine Dezeuze dès les années 1960. Alors qu’il enseignait à l’Université de Toronto, Dezeuze découvre le travail du célèbre théoricien Marshall McLuhan, pionnier de la recherche sur les nouveaux médias de masse et l’invasion grandissante des écrans.
Daniel Dezeuze y retrouve son pressentiment que la technologie est en train de bouleverser la peinture. Membre fondateur du groupe Supports/Surfaces, il a poursuivi un travail de déconstruction des codes traditionnels de la peinture en débarrassant de sa toile le châssis qu’il pose contre le mur pour jouer du plein et du vide.
Avec Écrans / Tableaux : Variations Dezeuze nous amène dans un univers de supports détournés et revisités avec un attention particulière pour la troisième dimension. Ces assemblages deviennent calligraphies et peintures formant des oeuvres énigmatiques. Pour Daniel Dezeuze, la discrète omniprésence de l’écran dans son œuvre ne renvoie pas uniquement aux symptômes d’une société dématérialisée, insaisissable, rythmée par l’image mobile, l’algorithme, la lumière et la couleur artificielles. Son travail va plus loin et dessine les contours d’un art capable de repousser ses propres codes, et de se réinventer : « Ma trajectoire s’inscrit dans l’espace historique du tableau à la fois objet réel et objet de connaissance. L’amour de la peinture passe pour moi par une sensualité retenue, un formalisme renouvelé et une tentative picturale ouverte dans ses variations. »
Né en 1942 à Alès, en France, Daniel Dezeuze est un des membres fondateurs du mouvement Support/Surface dans les années 1970. Son travail s’articule autour de la remise en question de la peinture, de la cimaise et de l’espace. S’appropriant une grande variété de techniques, l’artiste s’est inscrit dans une relecture de l’art américain, abstrait ou minimaliste, tout en expérimentant sans cesse des matériaux considérés comme pauvres tels des filets, grillages, bois, tissus ou métaux.