Paysages fragmentés
Après ses expositions remarquées au Musées Bourdelle et de l’Orangerie en 2023, Philippe Cognée présente une nouvelle interprétation du paysage chez TEMPLON Paris.
Forêts, champs ou vues marines témoignent de la puissance de sa pratique, de son amour inconditionnel pour le medium peinture et de son regard acéré sur notre époque désenchantée.
Depuis plus de vingt ans, Philippe Cognée s’empare de sujets associés à la banalité de notre civilisation – supermarchés, autoroutes, architectures impersonnelles – pour les sublimer dans une peinture originale à base de cire fondue et écrasée jusqu’au flou. Nourries par notre culture technologique – de la photographie en passant par la vidéo ou le numérique – ses toiles, souvent réalisées par séries, interrogent la pertinence de la peinture figurative aujourd’hui. Elles proposent une déconstruction du regard contemporain dans une interrogation existentielle sur « l’épuisement de l’image ».
Avec « Paysages Fragmentés », Cognée a troqué la palette chatoyante de ses « paysages insomniaques » de 2022 pour une palette plus restreinte couplée à un accrochage audacieux. Installées en une gigantesque frise, les toiles déroulent un panorama inattendu, aux réminiscences de scènes marines de Matthieu van Plattenberg ou Vincent Van Gogh. Comme toujours chez Philippe Cognée, virtuose de sa technique à l’encaustique, le sujet semble englouti par la cire, presque méconnaissable, flouté jusqu’à l’abstraction. Les scènes fascinent autant qu’elles inquiètent. La surface en dripping ou grattée, diluée, liquéfiée, confronte le spectateur à un dilemme : contempler une majestueuse nature en perdition ou agir. Chaque paysage se fait le constat d’un irréconciliable malentendu entre nature et humanité : une célébration de la beauté du monde hantée par l’angoisse climatique de nos sociétés.
Philippe Cognée est né en 1957 à Nantes où il vit et travaille. Ses toiles floues à la cire, chauffée puis écrasée, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement urbain. L’artiste s’inspire de photos ou de vidéos d’autoroutes, de bâtiments, de vues aériennes… Son travail interroge le rôle de la peinture dans une société où l’image, sous les effets des nouvelles technologies, est à la fois omniprésente et appauvrie.