L’œil du cyclone
Cette nouvelle saison Bruxelloise à la Galerie Templon est marquée par le retour de Philippe Cognée. Avec « L’œil du cyclone » le peintre français à la technique si caractéristique de cire floutée, propose un ensemble d’une quinzaine de toiles flirtant avec l’abstraction.
Réalisées pendant cette dernière année de pandémie et à la manière des vagues successives de confinement que la planète a traversé, ces œuvres inédites alternent scènes d’intérieur et d’extérieur. Aux vues d’atelier, désertiques mais étrangement sereines, répondent quelques larges paysages fougueux, saturés d’une nature en pleine effervescence.
Depuis longtemps la peinture de Philippe Cognée explore les mutations du regard contemporain sur notre environnement le plus banal : autoroutes, supermarchés, chambres d’hôtel anonymes, mornes banlieues… Travaillant en amont à partir de photographies, vidéos ou images glanées sur internet, il interroge notre relation à l’image et la capacité de la peinture à transcender notre vision d’un monde de plus en plus uniformisé. La peinture à la cire qu’il pratique depuis plus de 20 ans, lui permet une grande diversité d’expérimentation. Ecrasée, projetée, fondue, grattée, sa surface, comme une peau, révèle les aspects inattendus de ses sujets, devenus parfois méconnaissables.
En choisissant de confronter la représentation de l’atelier – ici une chaise solitaire, là un pot de pinceaux ou quelques chiffons abandonnés – à une nature d’apparence sublime mais indomptable, Philippe Cognée aborde bien plus que la question de l’isolement. Chaque toile devient une réflexion sur les fins même de la peinture, son inscription dans une longue tradition picturale et sa capacité à représenter et enchanter le monde. Les questions formelles autour du vide et du plein, de l’ombre et de la lumière, dessinent subtilement une interrogation métaphysique sur la condition de l’homme moderne et son besoin insatiable de beauté.
Philippe Cognée est né en 1957 à Nantes où il vit et travaille. Ses toiles floues à la cire, chauffée puis écrasée, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement urbain. L’artiste s’inspire de photos ou de vidéos d’autoroutes, de bâtiments, de vues aériennes… Son travail interroge le rôle de la peinture dans une société où l’image, sous les effets des nouvelles technologies, est à la fois omniprésente et appauvrie.