Nowhere Man
Après son succès à la Biennale de Venise où il représente le Chili à l’Arsenal, le jeune artiste conceptuel Iván Navarro revient à la Galerie Daniel Templon avec Nowhere Man, un défilé de figures lumineuses inspirées par les célèbres pictogrammes des jeux olympiques.
D’origine chilienne, Iván Navarro travaille depuis 10 ans à New York. Il s’y est fait connaître grâce à ses spectaculaires sculptures en trompe l’œil. Prenant la lumière comme matériau de base, son travail joue sur les références au modernisme, de Gerrit Rietveld à Ellsworth Kelly en passant par Dan Flavin ou Tony Smith, et travestit les objets du quotidien (table, chaise, porte) en sculptures électriques. Les références à l’histoire de l’art, toujours présentes en filigrane, deviennent le prétexte à une subtile critique politique et sociale. Au delà de son aspect ludique, le travail d’Iván Navarro reste hanté par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement physique ou psychologique.
« Nowhere Man » prend pour point de départ les pictogrammes créés par le graphiste allemand Otl Aicher pour les tristement célèbres jeux Olympiques de Munich de 1972. Grâce à un « alphabet» de cercles et de bâtons, ils déclinent une représentation schématique des différentes disciplines sportives : natation, course à pied , lutte, boxe, football.
Avec ces « hommes de nulle part » (Nowhere Man), Iván Navarro s’interroge sur la signification idéologique des jeux olympiques et sur notre rapport au corps idéal. Les personnages sont anonymes, ils ne représentent aucune race. Il en est de même pour les anneaux olympiques. Comme l’explique l’artiste, « chaque anneau est censé représenter un continent, et je me suis toujours demandé quelle couleur représentait quel continent. L’Asie est-elle représentée par le rouge ? L’Afrique par le jaune ? » Dans cette œuvre, les proportions des personnages ont été dictées par la taille de néons standard, tels qu’on peut les trouver dans le commerce. Cependant l’artiste a tenu à suivre les principes des « proportions idéales » théorisées par Léonard de Vinci. Ces personnages fantomatiques, visibles seulement dans l’obscurité, proposent ainsi une métaphore des liens entre l’humain et la machine, entre humanisme et modernisme.
Né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il vit et travaille à New York depuis 1997. L’artiste utilise la lumière comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique. Au-delà de son aspect ludique, son œuvre est hantée par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement. Toujours présent en filigrane, le détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale.