Nymphose
La jeune prodige française Jeanne Vicerial dévoile chez TEMPLON Paris l’aboutissement de deux années de réflexion autour de la métamorphose.
Avec « Nymphose », Vicerial investit l’espace historique de la rue Beaubourg de ses « présences », grandes sculptures de fil noir, crocheté ou lissé, si caractéristiques de sa pratique.
L’exposition est une ode à la mutation sous toutes ses facettes. Vicerial la dévoile sous la forme d’éveil de la matière, comme dans l’œuvre-hommage à Pierre Soulages où le fil Outrenoir bien tendu sur le tableau s’écoule soudainement en vagues vers le sol. Elle la montre comme création artistique, à travers un processus d’exploration et d’expérimentation, de celui qui précède l’œuvre naîssante ; ou encore sous forme de gestation, comme seul le vivipare en est capable.
Dans la pièce transformée en chambre intime ou chapelle sacrée, couverte de noir et aux lumières tamisées, des présences regardent le visiteur, silencieuses. Au milieu d’une étreinte amoureuse, en plein accouchement ou au crépuscule de leur vie, elles semblent comme prises au cœur d’une transition. Tel un moment en suspens, Vicerial tente de capturer la mue qui précède la (re)naissance de ces êtres inclassables, ces nymphes surnaturelles, mi-végétales, mi-animales.
« Notre environnement regorge de ces métamorphoses » explique-t-elle, « devant mes yeux, mon fil se transforme en cocon, duquel émerge une sculpture. Tout est transformation.» A leurs côtés figure un mur de petits « sex-voto », réalisés avec un fil unique, couleur d’encre, et dans lesquels l’artiste incruste pour la première fois pépites de bronze et d’or fin. Ces objets-offrandes interpellent : évoquent-ils des appareils génitaux ? Des insectes ou des corps extra-terrestres ? Enigmatiques, ils touchent pourtant du doigt un grand tabou de société : la crainte du passage du temps, de l’évolution, de la dégradation, de la vulnérabilité ou de la disparition.
En 2022, elle a signé les costumes d’Atys, la tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully inspirée des Métamorphoses d’Ovide mise en scène par Angelin Preljocaj et montrée pour la première fois en France à l’Opera royal de Versailles.
En 2023, Jeanne Vicerial a réalisé les costumes de « Figures » par Dalila Belaza au Théâtre de la Cité internationale.
La première monographie de Jeanne Vicerial est parue en 2023 avec une contribution inédite du philosophe Emanuele Coccia et un entretien avec l’historienne et chercheuse Ida Soulard.
Du 19 juin au 7 septembre 2025, dans le cadre du parcours « Le Voyage à Nantes », le travail de Jeanne Vicerial sera présenté en dialogue avec un texte de la philosophe et écrivaine française Claire Marin au Lieu Unique à Nantes.
Née en 1991, Jeanne Vicerial vit et travaille à Paris. Après des études de costumière puis un Master en Design vêtement à l’École des Arts Décoratifs de Paris en 2015, elle devient en 2019 titulaire d’un doctorat SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche), la première en France. Elle approfondit cette recherche en questionnant la dichotomie prêt-à-porter/sur-mesure et s’engage parallèlement dans une démarche artistique qui la pousse à fonder le studio de recherche et de création Clinique vestimentaire. Au-delà de ses créations personnelles, elle initie de nombreuses collaborations avec des artistes d’horizons divers. Ses oeuvres ont notamment été exposées au Palais de Tokyo à Paris (2018) à Rome (Villa Médicis et Palais Farnèse, 2020), à la Collection Lambert en Avignon (2021), aux Magasins Généraux à Pantin (2021), à la Basilique Saint-Denis (2022) et ont récemment intégré la collection du Cnap (Centre national des arts plastiques) et du FRAC Auvergne. En 2024, elle était invitée à exposer en dialogue avec les toiles de Pierre Soulages au Musée Soulages de Rodez.
Jeanne Vicerial a participé à plusieurs expositions collectives, au Maximiliansforum, Munich (2022), à la Fondation Martell, Cognac (2022), au Ballroom Project, Anvers (2022), à Maison Guerlain, Paris (2022), au Musée International des Arts Modestes à Sète (2023), à la fondation Lafayette Anticipations (2023), au FRAC Auvergne (2023), au Musée Bargoin, Clermont-Ferrand (2023) et à la Triennale de Nîmes (2024).