Victor Burgin

Passages

Les œuvres de Burgin sont fondées sur une ap- proche sémiologique que la photographie, d’inspiration barthésienne (des images empruntées à la publicité), alliée à des textes d’origines diverses : par exemple, dans Lei-Feng, 1974, une publicité pour du sherry, un récit évoquant le zèle d’un jeune héros de la révolution chinoise, et un texte théorique de l’artiste traitant de sémiologie.

Cette combinaison tripolaire mobilise le sens cri- tique du spectateur en déstabilisant ses habitudes de regard et de pensée. Ces rapides descriptions éclairent la position de Burgin en tant qu’artiste conceptuel.

Burgin partage un certain nombre de positions avec Joseph Kosuth et les artistes du groupe anglais Art & Language notamment, groupe auquel il est souvent hâtivement assimilé à tort (il n’a pas participé à ses travaux et n’a écrit qu’à une seule occasion dans la revue Art-Language, pour mettre en question les positions du groupe).

Avec ces artistes, il considère que l’art est fait pour transmettre des informations et non produire des objets ; la place privilégiée dont bénéficie l’objet d’art, sa prétention à l’autonomie, la position hégémonique qu’il attribue à l’ordre du visuel ne sont pas acceptables pour lui.

Nombre de ses écrits portent la trace d’une cri- tique en règle du modernisme « à l’américaine », — critique partagée par l’ensemble des artistes conceptuels —, et expriment la vivacité de son rejet des pratiques surannées que sont pour lui la peinture et la sculpture. »

Joëlle Pijaudier, extrait de Victor Burgin, Passages, Musée d’art moderne de Lille, 1991

L’artiste