Projet Phenix
Après son exposition Catharsis à la Galerie Templon en 2019, Prune Nourry présente pour la première fois son projet Phénix.
Avec Phénix, Prune Nourry renoue avec la tradition du portrait et de l’intimité entre l’artiste et son modèle. Elle a invité huit personnes déficientes visuelles à poser dans son atelier. Yeux bandés, sans jamais les voir – ni avant, ni pendant, ni après – elle a entrepris de réaliser leur buste, à travers le toucher et l’écoute.
Les modèles sont issus de parcours très différents, certains sont aveugles de naissance, d’autres par accident ou maladie, mais tous ont en commun de dépasser leur handicap, à travers leur métier ou leurs actions bénévoles. D’abord modelés à l’argile puis moulés et tirés en terre de feu, ces portraits sont ensuite cuits selon la technique ancestrale dite du Raku. D’origine japonaise, cette cuisson nécessite de plonger la sculpture brûlante dans la cendre dès la sortie du four. Tel un phénix surgissant de ses cendres, chaque portrait devient ainsi la métaphore d’une renaissance.
A ce jour, Prune Nourry n’a toujours pas vu les portraits autrement qu’avec ses mains. Plongée dans le noir absolu, l’exposition propose aux visiteurs de vivre à leur tour cette expérience. A travers un parcours soigneusement balisé, selon les systèmes types d’autonomie pour non et mal-voyants, chacun est invité à découvrir par le toucher les huit œuvres.
Guidé par des bandes podotactiles et une corde d’un buste à l’autre, le visiteur est libre d’explorer avec ses mains chacune des sculptures. En parallèle, telle une immersion dans l’intimité de l’atelier et les longues séances de pose, l’enregistrement des conversations entre l’artiste et ses modèles est diffusé au-dessus de chaque œuvre.
A mi-parcours, l’exposition est rythmée d’un court-métrage expérimental de Vincent Lorca
et Prune Nourry. Rendu accessible en audiodescription, le film prolonge l’incursion dans l’univers des personnes non-voyantes. Sans jamais dévoiler les visages ou les œuvres, il met autant l’accent sur la matière et les mains, que sur la complicité entre l’artiste et ses modèles.
Sur les murs, l’artiste présente un nouveau travail inspiré par la magnifique technique des livres du Centre des Monuments Nationaux pour les non et mal-voyants et réalisé en gaufrage à l’aide d’un imprimeur spécialisé en braille. Ces oeuvres représentent les mains des modèles, comme d’autres formes de portraits symboliques à travers leurs lignes de vie. On retrouve ici quelques symboles récurrents de l’artiste : la main comme outil et le moule, comme matrice.
En parallèle de l’exposition, un ouvrage intitulé Aux Amazones de Prune Nourry, témoignage touchant et inspirant de l’artiste dans sa maladie, avec une préface d’Angelina Jolie, sortira le 22 septembre prochain aux Editions Marabout (Hachette).
Née en 1985 à Paris, Prune Nourry vit et travaille à New York. L’artiste s’intéresse aux champs de la science et de l’anthropologie, et plus particulièrement aux questions bioéthiques liées à la sélection des genres et aux évolutions artificielles de l’humain, à travers une pratique qui associe sculpture, installation, performances et vidéo. Ces dernières années, l’artiste s’est faite connaître par ses projets au long cours, comme celui qui a vu son armée de Terracotta Daughters, inspirée des guerriers de terre-cuite de Xi’an, parcourir le monde entre 2013 et 2015, de Paris à la Chine continentale en passant par Zurich, New York et Mexico.