Prostutopia
Pour sa nouvelle exposition à la Galerie Templon à Bruxelles, l’artiste conceptuel chilien Iván Navarro déconstruit la notion d’utopie. L’artiste poursuit son exploration des forces qui incitent à l’action révolutionnaire ; après sa dernière exposition Fanfare chez Templon Paris en 2017, qui évoquait la puissance sociale du son et de la musique, il porte son attention vers la vision utopique et son exploitation.
Installé à New York depuis près de 20 ans, Iván Navarro développe une œuvre politique, informée à la fois par l’histoire de l’art, le design, l’architecture mais aussi son expérience personnelle de la société américaine ou de la dictature qu’il a connue sous le régime Pinochet. Aujourd’hui, son nouveau travail prend pour point de départ l’utopie et sa marchandisation. Prostutopia interroge le spectacle trompeur de l’utopie mise en scène, commercialisée, dévoyée.
Dans la pénombre, les sculptures électriques transforment l’espace par leurs jeux de lumière et d’illusion d’optique. D’un abord ludique et attrayant, ses objets détournés – échelles, barrières, miroirs et puits – construisent un parcours hanté par la question du contrôle et de la liberté. Chaque objet devient un instrument de contrôle et de surveillance. Dans un monde où tous sont regardés et se regardent en permanence, le Totem lumineux de l’artiste, à l’esthétique minimaliste, devient un mirador. Iván Navarro questionne cette illusion de la protection et de la connexion qui nourrit le pouvoir ambiguë des instances politiques, économiques et sociales d’observation – gouvernement, entreprises, réseaux sociaux.
Le soir de l’inauguration se tiendra une performance de l’artiste, Sirens, réalisée en collaboration avec Courtney Smith. Trois volontaires, posté chacun sur un podium, seront amenés à expérimenter toutes les possibilités d’interaction entre leur corps et cet objet, libres de parler et d’intervenir dans la limite de cette position individuelle.
Né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il vit et travaille à New York depuis 1997. L’artiste utilise la lumière comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique. Au-delà de son aspect ludique, son œuvre est hantée par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement. Toujours présent en filigrane, le détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale.