Quand le carré devient cercle
Près de dix ans après sa dernière exposition personnelle en Belgique, la Galerie Templon propose un parcours historique à travers l’oeuvre de l’artiste français Daniel Dezeuze : ‘Quand le carré devient cercle’.
Membre fondateur du groupe Supports/Surfaces, Daniel Dezeuze poursuit depuis quarante ans un travail de construction/déconstruction des supports et matériaux traditionnels de la peinture. Très tôt curieux des cultures nomades et extra-européennes, il s’est inscrit dès les années 1960 dans une relecture de l’art américain abstrait ou minimaliste. Imprégné de pratiques artisanales et d’anthropologie, son itinéraire singulier passe par l’expérimentation de matériaux considérés comme pauvres – bois, grillages, filets, tissus – et d’objets détournés. Daniel Dezeuze a conçu pour l’espace bruxellois un cheminement à travers cinquante ans d’un oeuvre foisonnante. L’artiste le fait démarrer en 1969, avec une Echelle de bois souple où les carrés du quadrillage se transforment en cercle en se roulant au sol : exercice topologique, ces oeuvres initient une ouverture vers un autre espace – préoccupation qui traverse toute la trajectoire de l’artiste jusqu’à la pièce récente montrée à la galerie, intitulée 14 juillet dans un jardin républicain (2012).
La question de l’extension de l’oeuvre dans l’espace (14 juillet), de l’éclatement du châssis (Triangulation Magenta, 1975), de la fonction traversante et de la lumière (Pavillons, 2001), apparaissent également comme des constantes de l’oeuvre de l’artiste. Daniel Dezeuze expose en parallèle ses Peintures qui perlent, où des formes colorées, en suspens, sont tendues sur des fils à quelques centimètres de leur support, distribuées comme des notes de musique sur une partition. Il consacre la petite salle de la galerie à un ensemble géométrique (Triangulations version métal, 2011) et des compas chevauchant des cercles en bois (2016). Comment mesurer ce qui n’est pas mesurable ? En état de lévitation par leur forme ou leur couleur, toutes ces oeuvres évoquent un monde aérien, ventilé, une apparente légèreté d’être. Dans son dialogue continu avec l’histoire et la pratique de la peinture, Daniel Dezeuze n’a cessé de prouver sa capacité à conquérir l’espace, mais aussi à se libérer des pesanteurs et des règles de l’art.
Né en 1942 à Alès, en France, Daniel Dezeuze est un des membres fondateurs du mouvement Support/Surface dans les années 1970. Son travail s’articule autour de la remise en question de la peinture, de la cimaise et de l’espace. S’appropriant une grande variété de techniques, l’artiste s’est inscrit dans une relecture de l’art américain, abstrait ou minimaliste, tout en expérimentant sans cesse des matériaux considérés comme pauvres tels des filets, grillages, bois, tissus ou métaux.