Après un premier apprentissage en peinture à l’université Seika de Kyoto, Chiharu Shiota choisit de poursuivre ses études artistiques à Berlin et se tourne d’abord vers la performance. Sa pratique s’oriente rapidement vers l’installation in-situ. A travers un savant tissage de fil noués, elle crée des mises en scènes fantastiques combinant cadres de fenêtre récupérés, piano, valises, livres ou vêtements usagés. Aux frontières du dessin et de la sculpture, ces fabuleuses installations, éphémères et immersives, deviennent sa signature. Depuis son impressionnante installation pour le Pavillon Japonais de la Biennale de Venise en 2015, elle s’impose comme une des figures clés de la scène internationale et elle est régulièrement invitée par les musées du monde entier.

Dans un monde hyper-connecté, Chiharu Shiota s’interroge ici sur la question du « web », véritable organisme vivant similaire aux structures qui composent l’univers ou aux neuronnes qui charpentent notre cerveau. Réalisée sur place pendant deux semaines, une installation de fils rouges et de grande envergure, vient symboliser cette connexion permanente de l’information, du souvenir collectif ou des connaissances du monde qui traversent les cultures et les continents. A cette déambulation succède un ensemble de sculptures enfermant chacune en leur centre, comme figés par des entrelacs de fils, des objets du quotidien. Souvent obsolètes, chargé d’histoires impénétrables, ces objets–vieilles valises, poupées tachées, meubles miniatures, ou encore petites bouteilles-agissent comme des trésors de mémoire, offerts au regard mais inaccessibles au toucher.