Sutures et Varia
Représenté depuis plus de vingt ans par la galerie Templon, Claude Viallat, figure incontournable de l’art contemporain français, investit pour la première fois le vaste espace de la rue du Grenier Saint-Lazare pour une exposition radicale défiant les codes de la peinture, du volume et de l’espace.
Membre-fondateur dans les années 1970 du groupe avant-gardiste Supports-Surfaces, Claude Viallat s’est imposé comme une figure de proue de la peinture française. Depuis près d’un demi-siècle, il fait fi du châssis et de la toile pour peindre sur des textiles libres ou juxtaposés, le même motif, répété à l’infini et décliné en une palette de couleurs chatoyantes.
Sutures et Varia propose une sélection de peintures réalisées ces deux dernières années. La nouvelle série Sutures développée pendant les récents confinements, s’ancre, pour la première fois, dans une réflexion sur la notion de jonction.
Des tissus aux contours et textures inattendus sont assemblés, comme « suturés » par des bandes de tissus aux motifs floraux. Ces sutures, à la fois frises ou bandages, sont apposées librement, pliées soigneusement et assemblées l’une à l’autre par l’artiste. Elles laissent entrevoir par leurs béances le mur et ainsi l’artifice de ces combinaisons.
Chez Viallat, l’intuition crée la toile. Comme il l’explique : « Je ne peux jamais prévoir ce que l’œuvre va donner, et même après plusieurs décennies de pratique artistique, je suis encore surpris du résultat. Pourtant, je l’accepte toujours tel qu’il est. C’est presque un rapport d’humain à humain que j’ai avec l’oeuvre. Je fais ce que je peux avec elle jusqu’à ce qu’elle ne veuille plus de moi… »
Claude Viallat est né en 1936 à Nîmes, où il vit et travaille aujourd’hui. Il est l’un des fondateurs de « Supports/Surfaces » dans les années 1970, mouvement qui appelle à un renouvellement de l’art par la remise en question des matériaux traditionnels. Viallat commence ainsi à travailler sur des bâches industrielles, sur lesquelles il répète à l’infini une même forme abstraite, sorte d’osselet devenu sa signature. Répété au pochoir sur divers supports, ce motif ouvre une réflexion sur le sens du geste créatif et le statut « d’œuvre d’art ».