Where is the next war ?
L’artiste conceptuel chilien Iván Navarro revient à Paris avec un nouveau projet et présente un ensemble inédit de sculptures en
trompe-l’oeil à la Galerie Templon.
Iván Navarro utilise la lumière comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique. Son travail s’approprie les icônes du modernisme en dénonçant le risque d’un formalisme vidé de tout engagement. Toujours présent en filigrane, le détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale. Né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il est installé depuis 1997 aux Etats-Unis. Au-delà de son aspect ludique, son oeuvre reste hantée par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement physique ou psychologique.
Alors que le Grand Palais consacre une grande exposition aux notions d’espace et de vision dans l’art, Iván Navarro s’intéresse à l’artiste allemand Josef Albers, précurseur de l’art optique. Ce grand expérimentateur de la couleur et de l’abstraction, professeur au Bauhaus, fuit le nazisme et trouva refuge aux Etats-Unis où il enseigna au fameux Black Mountain College. Avec le titre Enterrar y callar (Enterrer et se taire) Iván Navarro choisit de mettre en regard l’expérience de Josef Albers – qui garda le silence sur cet exil et son contexte – et la figure de Francisco de Goya, premier artiste engagé dont l’une des gravures des Désastres de la guerre a donné son nom à l’exposition.
Les fenêtres-tableaux lumineux d’Iván Navarro, échos aux Homage to the Square d’Albers, soumettent les carrés démultipliés à l’infini à un clignotement programmatique implacable. Des mots se détachent sur chacune des compositions : Amarga presencia (Présence amère), No llegan a tiempo (Ils n’arrivent pas à temps)… Le langage est une apparition lumineuse de la conscience, qui renvoie aux double sens, à la mémoire douloureuse des décalages entre apparence et vérité.
Aux côtés de cette nouvelle série, la galerie abrite une oeuvre qui, reprenant les mêmes formes minimales, évoque les tours jumelles de New York. Les néons reflétés recréent en profondeur dans le sol la hauteur de ces gratte-ciels, « un antimonument au pouvoir économique des Etats-Unis, chargé de son propre trauma social » explique l’artiste.
Iván Navarro a représenté le Chili à la 53 ème Biennale de Venise en 2009. Son travail a déjà été exposé dans le monde entier, notamment au Whitney Museum of American Art at Altria, New York (2006), au Centro Cultural Museo del Barrio, New York (2007), au MOCA, Miami (2007), à la Caja de Burgos (2010), à la Maison Rouge (exposition Néons), à la Fondazione Volume! à Rome et au Frost Art Museum de Miami en 2012. Il participe en ce moment à l’exposition Light Show présentée à la Hayward Gallery à Londres jusqu’au 28 avril 2013.
Son oeuvre est présente dans de nombreuses collections internationales dont la Saatchi Collection (Londres), Martin Z. Margulies Collection (Miami), Hirshorn Museum (Washington DC), Virginia Museum of Fine Arts (Richmond), Fonds National d’Art Contemporain; Fondation Louis Vuitton pour la création (Paris).
Né en 1972 à Santiago, Iván Navarro a grandi sous la dictature de Pinochet. Il vit et travaille à New York depuis 1997. L’artiste utilise la lumière comme matériau de base, détournant des objets en sculptures électriques et transformant l’espace par des jeux d’optique. Au-delà de son aspect ludique, son œuvre est hantée par les questions de pouvoir, de contrôle et d’emprisonnement. Toujours présent en filigrane, le détournement de l’esthétique minimaliste devient le prétexte d’une subtile critique politique et sociale.