Histoire

Louis Cane

Œuvres récentes

17 janvier – 17 février, 1973

La question de la place de l’idéologie de la peinture dans la structure sociale entraîne inévitablement le peintre à se poser la question de la spécificité de son travail […], de l’histoire et du rôle de cette spécificité ; autrement dit à se déplacer dans une histoire stratifiée dans ses dévoilements comme dans ses refoulements, à se penser dans la dialectique des strates sédimentaires et métamorphiques qui le constituent non pas seulement dans le réel mais comme réalité dans son rapport au réel. La peinture moderne française après Braque et Picasso s’est coupée, dans l’académique Ecole de Paris, de l’histoire des forces contradictoires qui l’avait produite ; ce que j’essaie de signaler ici, c’est que nous assistons aujourd’hui en peinture comme en littérature ou en musique, au retour en force des « monstres » de l’histoire, et à la naissance des fortes réalisations que l’on peut toujours attendre de la lutte avec ces « monstres ». La question de la place et du rôle de la peinture dans la structure sociale réintroduit le travail de Louis Cane dans une problématique historique que ses aînés ont en France refoulée. Ce qui logiquement au départ s’articule pour lui sur la perspective étroitement française de l’activisme avant-gardiste des peintres de la fin des années 50, se trouve déplacé sur la mise en relief du rôle idéologique des formes symboliques dans l’histoire.
Marcelin Pleynet, art press, mars 1973

Victor Burgin

Passages

10 – 28 avril, 1973

Les oeuvres de Burgin sont fondées sur une approche sémiologique que la photographie, d’inspiration barthésienne (des images empruntées à la publicité), alliée à des textes d’origines diverses : par exemple, dans Lei-Feng, 1974, une publicité pour du sherry, un récit évoquant le zèle d’un jeune héros de la révolution chinoise, et un texte théorique de l’artiste traitant de sémiologie. Cette combinaison tripolaire mobilise le sens critique du spectateur en déstabilisant ses habitudes de regard et de pensée. Ces rapides descriptions éclairent la position de Burgin en tant qu’artiste conceptuel. Burgin partage un certain nombre de positions avec Joseph Kosuth et les artistes du groupe anglais Art & Language notamment, groupe auquel il est souvent hâtivement assimilé à tort (il n’a pas participé à ses travaux et n’a écrit qu’à une seule occasion dans la revue Art-Language, pour mettre en question les positions du groupe). Avec ces artistes, il considère que l’art est fait pour transmettre des informations et non produire des objets ; la place privilégiée dont bénéficie l’objet d’art, sa prétention à l’autonomie, la position hégémonique qu’il attribue à l’ordre du visuel ne sont pas acceptables pour lui.

Giorgio Griffa

Œuvres récentes

2 – 26 mai, 1973

Si l’on veut parler d’une investigation de la peinture par le peintre, je ne crois pas que cela soit mon cas. Je n’espère pas d’investigation de la peinture. La notion d’investigation implique un comportement actif, critique, d’analyse ou de recherche sur les moyens qui sont employés, sur leurs connotations matérielles et sur leurs possibilités virtuelles. Je ne pense pas que mon travail trahisse une attitude semblable. Je ne suis qu’un simple exécutant, au même titre que les autres instruments concrets qui contribuent à faire en sorte qu’il y ait de la couleur sur la toile. Mon intervention active s’arrête avant : jusqu’à encore hier, elle s’arrêtait au moment où j’établissais la règle de chaque oeuvre. Ce qui advient autour de cette « pratique picturale » […] m’oblige à remettre en question ma propre attitude face à la toile.Je me rends compte que prétendre choisir à chaque fois une seule parmi le nombre infini d’hypothèses organisatrices de la couleur sur la toile reste au fond, dans mon cas (car il s’agit là d’un problème personnel, pas d’une généralisation)une prétention intellectualiste et « sophistiquée ». Je me rends compte que, si je tiens à porter ce travail au maximum de conscience, il me faut éliminer cette prétention.

Je suis convaincu qu’il existe dans chaque aspect du réel une variété infinie et indéterminable de vérités qui peuvent affleurer au niveau conscient en utilisant une méthode cognitive telle celle que j’ai choisie : la disponibilité. Or, dans ce cas, la prétention de changer à chaque fois les règles du jeu devient inutile et nuisible : le processus ne serait que reproposé à partir d’un point de vue différent et sous un autre aspect. […] Je ne dois choisir au départ qu’une idée, la plus élémentaire et la plus ouverte. Et je dois développer mon travail dans les limites de et par rapport à ce seul point de départ. De sorte que, une fois les conditions initiales posées, la suite en est le développement naturel et ne découle que des éléments qui contribuent à la réalisation du travail, sans interventions ultérieures. J’ai choisi les lignes horizontales.
Giorgio Griffa, La Riflessione sulla Pittura, septembre 1973

Martin Barré

Peintures récentes

29 mai – 30 juin, 1973

On s’est trompé sur le sens de ce mot, figure, en tirant de lui l’adjectif « figuratif » pour dire : qui imite le monde des objets. Car la figure est intransitive, elle ne figure pas quelque chose, mais se compose des rapports de ses parties, formant configuration ; elle implique à l’intérieur d’elle-même la constatation de ce qu’elle est. La peinture n’a pas besoin d’être figurative – de figurer des objets ; mais elle affirme nécessairement le mode de sa construction : elle est figurale. C’est cette figuralité de la peinture que met en évidence (pour qui l’avait oubliée) la présente exposition de Martin Barré. Ce n’est pas qu’elle soit en rupture avec son passé ; bien au contraire, on y discernera les échos de ses expositions antérieures dont chacune apparaît, aujourd’hui, comme l’exploration presque clinique, nécessaire, des ingrédients d’une hypothèse d’ensemble : l’unité de vingt années de production éclate à travers la synthèse actuelle.

  • 1973
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Ben

La Déconstruction de l’oeuvre d’art

15 septembre – 30 octobre, 1973

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    Ben, 1973
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    Ben, 1973
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    De gauche à droite: Daniel Templon et Ben, 1973
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    Ben, 1973
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    Ben, 1973
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    Vue d’exposition, Ben, 1973